10 questions à ‘Stéphanie Bayard’ – anosmique congénitale

 

Bonjour à tous,

 

Un mail, un appel, des émotions, de la poésie, voici ce qui a mené Stéphanie à nous livrer son témoignage dans les quelques lignes qui suivent… L’histoire exceptionnelle d’une anosmique congénitale, en toute simplicité, merci Stéphanie pour ce beau témoignage qui tombe ce mercredi 27 février qui correspond à la journée mondiale de l’anosmie. #anosmiaday

 

 


 

Bonjour Stéphanie, ton témoignage est riche et précis, la grande famille des anosmiques s’y reconnaîtra, il permettra aussi aux normosmiques de mieux nous comprendre, tu as souhaité que cette interview ne soit pas anonyme.

 

Ready ? 😉

 

Question n°1 : Peux-tu nous parler de ton arbre généalogique ‘anosmique’ ? As-tu entrepris des démarches de recherche génétiques (syndrome de kallman) ?

SB : Je suis née sans odorat, mais je ne suis pas la seule anosmique de ma famille. Ma mère possède un odorat très développé, ma fille aussi. Cependant ma grand-mère maternelle est anosmique au même titre qu’au moins une de ses sœurs. Leur père, mon arrière-grand-père maternel, l’était également. Nous n’avons pas entrepris de démarches de recherche génétiques, car la plupart des membres de ma famille, qui sont concernés, considèrent cet état comme une fatalité, nous sommes nés « sans nez », c’est inexorable.

 

Question n°2 : Comment ce handicap était perçu et considéré dans ta famille ?

SB : Je suis probablement celle qui en parle le plus et qui s’intéresse le plus à « cet état ». Adolescente, j’ai demandé à mon médecin de famille des explications. Pourquoi suis-je comme ça ? Il m’a posé quelques questions pour s’assurer que je n’avais pas perdu l’odorat soudainement suite à un accident. Il a pris mon handicap à la légère. Je crois me souvenir qu’il m’a dit que ce n’était pas grave, qu’il n’y avait rien à faire, pas de cure ou médicament pour changer le fait que je ne sentais rien. Il a minimisé mes préoccupations et n’a pas suspecté que cette situation pouvait occasionner une souffrance. Ce que j’ai trouvé terrible, c’est qu’il n’avait même pas de mot à m’offrir pour qualifier mon mal. Je pense que j’avais besoin d’un diagnostic, une forme de reconnaissance de cette souffrance parce qu’au fond, je me sentais différente.

J’ai fait quelques recherches, que j’ai partagées avec ma grand-mère. Pour elle, c’est une « caractéristique » qui nous rend spéciales elle et moi, mais pas un véritable drame.

Ma mère choisit tous mes parfums et ils sont validés par ma fille et mon conjoint. Pourtant, il arrive encore à ma mère de me demander comment je trouve le dernier parfum qu’elle a choisi…

 

Question n°3 : Quand et comment as-tu découvert que tu étais anosmique, puis anosmique congénitale ?

SB : J’ai longtemps prononcé des phrases préenregistrées. Comme un magnétophone, je récitais des déclarations dépourvues de sens pour moi, des phrases entendues et répétées, dans des situations données : le parfum des fleurs, le café, le chocolat sentent bon, mais les toilettes publiques, l’essence, l’éther puent. L’odorat était pour moi une gymnastique intellectuelle.

J’ai réalisé assez tardivement que je n’avais pas d’odorat; je devais avoir une douzaine d’années quand j’ai compris que quelque chose ne fonctionnait pas normalement. Lors d’un voyage de classe, un élève est arrivé en affirmant que nous allions manger du riz. Comment avait-il deviné ? Après quelques questions, j’ai compris que chaque aliment avait une odeur, que chaque personne avait une odeur unique. J’ai réalisé que le monde des odeurs était subtil. J’ai aussi compris à ce moment-là qu’il n’y avait pas une bonne ou une mauvaise odeur générique, que chacun avait sa banque d’odeurs avec ses références.

En discutant avec ma famille, j’ai compris que j’avais hérité de cette particularité génétique de ma grand-mère, par l’entremise de ma mère. J’ai posé des questions essentiellement à ma grand-mère, sans explorer la question en profondeur. Lors de la naissance de ma fille, je n’ai pas cherché immédiatement à savoir si elle avait ou non de l’odorat. Elle devait avoir deux ans quand un jour, elle s’est approchée de moi et a dit : « mmmm ça sent le chocolat par ici ». Je venais de prendre un carré de chocolat en cachette et je venais de me faire démasquer. Ce fut un grand bonheur.

 

Question n°4 : Peux-tu nous parler de ton goût, de tes repas, aujourd’hui et lorsque que tu étais petite ?

SB : Je me souviens d’une anecdote amusante sur mon anosmie. Lorsque j’étais enfant, je mangeais à la cantine. Une personne venait nous porter les desserts ou laitages sur le centre de la table et là, comme des loups affamés, nous voulions tous le yaourt à la saveur à la mode du moment (lois secrètes de la mode dictée par les enfants). Je n’étais pas la dernière pour jouer des coudes et sauter sur le yaourt à la saveur de banane ou de citron en vogue à ce moment. En réalité, je pense qu’ils avaient tous le même goût pour moi. Je ne voulais pas être laissée pour compte, je me battais, mais mes motivations étaient incertaines…

J’ai compris le pouvoir très puissant de l’odorat et la façon dont il est intimement lié au goût. Je passe à côté de bien de subtilités des arômes, c’est une certitude. Je n’ai cependant aucune référence, je n’ai donc pas de nostalgie d’un sens que j’ai perdu… Je n’ai jamais eu ni odorat, ni goût. Je suis attentive aux textures, aux couleurs, j’ai développé mes préférences en fonction d’autres critères que les critères olfactifs.

Comme j’aime beaucoup cuisiner, je demande à mon conjoint ou à ma fille de m’assister dans le choix et la quantité des épices. Je sais distinguer le sucré, le salé, l’amertume, l’acidité, etc. Je donne des images aux odeurs, je mémorise les assortiments recommandés (avec tel plat, je peux mettre telle épice).

 

Anecdote ++ ! Peux-tu nous raconter une anecdote ‘positive’ liée à ton absence d’odorat ? Je te pose cette question, car j’ai beaucoup apprécié ton sens de l’humour et la poésie avec laquelle tu parles de l’odorat , des vins, des parfums, 🙂

SB : J’ai trouvé un boulot d’été où je vendais des copies de parfums dans un magasin, en Espagne. Évidemment, ce n’était pas forcément facile de prime abord de vendre quelque chose que je ne sentais pas… Ma mère m’a expliqué le lien entre la couleur des flacons de parfum et la force de ceux-ci, la différence entre les parfums légers et floraux et ceux qui étaient capiteux. Elle m’a fait part de la corrélation qu’il pouvait y avoir entre la couleur de la peau et des cheveux et l’odeur de la personne ou l’odeur recherchée par la personne. Je dois avouer que notre démarche empirique était certainement hasardeuse, mais personne n’a jamais compris que je n’avais pas d’odorat.

Je suis née au milieu des vignes, dans la région du Cognac. Le vin, le Pineau, le Cognac font partie depuis toujours de mon univers. Je déguste et je pose des questions à mes personnes de référence. Je mets des images sur des odeurs, c’est la façon que j’ai trouvée pour rester connectée et ne pas vivre ce handicap comme une exclusion.

J’ai décidé de ne pas vivre cette caractéristique de façon passive. J’associe des situations à des images fortes pour moi. Je sais que les chaudes journées d’été, lorsqu’il pleut, la terre dégage une odeur. J’ai associé cette odeur à une image très précise. Je n’hésite pas à poser des questions et souvent la réaction est positive, les gens partagent.

 

Question n°5 : Qu’est-ce qui te manque le plus aujourd’hui ?

SB : J’aimerais pourvoir sentir les gens qui me sont proches. J’ai développé des techniques pour imaginer les odeurs des choses, mais pas celles de gens que j’aime.

 

Question n°6 : En parles-tu autour de toi ? à tes proches ? dans ton travail ?

SB : Je parle de mon anosmie sans véritable honte ou gène autour de moi, parfois au travail. C’est très souvent un étonnement pour les autres qui ne savaient pas que c’était possible de ne pas sentir. Je me fais répondre : « tu as de la chance, tu ne sens pas les choses qui puent » ou « ça aurait pu être pire, tu aurais pu être aveugle ». Les gens me demandent souvent si j’ai perdu aussi le goût. Je leur explique que je n’ai pas de référence, mais que je suis en mesure d’effectuer des nuances. Je me suis habituée à ce manque de délicatesse, cependant, je ne trouve pas nécessairement ces réflexions plus pertinentes pour autant, ou moins blessantes.

 

Question n°7 : La question est un peu compliquée mais l’anosmie t’a-t-elle apporté quelque-chose de positif ?

SB : Je pense que je suis une personne imaginative de nature, mais l’anosmie a amené cette qualité à un autre niveau. Je collecte des informations et je me crée « mon monde des odeurs ».

 

Question n°8 : Est-ce que tu te parfumes ? est-ce que tu cuisines ?

SB : J’aime me parfumer quand je sors de chez moi. Je veux savoir ce que je sens. Me parfumer, c’est un peu comme enfiler des vêtements pour ne pas être nu. J’ai des parfums d’été et des parfums d’hiver.

J’aime cuisiner et pour la partie de mise en scène les épices, je m’en remets à mes goûteurs.

 

Anecdote — ! Peux-tu nous raconter une anecdote ‘négative’ liée à ton absence d’odorat ? Cette question est indispensable pour ceux qui te liront, normosmiques, pour mettre en situation le quotidien avec ce handicap

SB : Lors de plusieurs occasions, l’anosmie m’a mise en danger. Une fuite de gaz s’est produite dans notre maison. À l’époque, je fumais occasionnellement et le hasard a fait que je n’ai pas allumé de cigarette à ce moment-là.

J’ai également fait brûler quelques casseroles et par chance ma mémoire m’a rappelé que j’avais quelque chose sur le feu… Cependant, un jour, le feu a pris dans la cuisine de mes parents et j’étais installée dans un fauteuil du salon disposé en face de la porte de la cuisine. Ma mère qui était avec moi dans la maison s’était assoupie. J’ai vu la fumée s’échapper et nous sommes tout de suite intervenues, en évitant ainsi le pire.

Enfin, lorsque j’étais étudiante, je vivais avec une colocataire et j’ai ouvert une conserve maison mal stérilisée, qui l’a tout de suite mise en alerte, à cause de son odeur. Sans son intervention, j’aurais peut-être contracté le botulisme…

 

Question n°9 : Si tu devais formuler 3 propositions orientées vers les anosmiques congénitaux? quelles seraient-elles ? (santé, scolarité, société, etc..)

Proposition n°1 : Je pense qu’il serait important de sensibiliser le corps médical à la souffrance des anosmiques. Lors de la perte d’odorat suit un accident, le corps médical est impliqué d’emblée. Pour les anosmiques congénitaux, l’histoire est un peu différente. Le médecin de famille devrait être vigilant et orienter ses patients anosmiques congénitaux vers un accompagnement psychologique pour s’assurer que ce handicap n’amène pas d’autres défis de santé mentale.

 

Proposition n°2 : La question du bagage héréditaire va se poser à la prochaine génération. Ma fille va-t-elle avoir des enfants qui souffrent d’anosmie? Aucun médecin n’a proposé d’effectuer des recherches, de nous aider à comprendre notre histoire familiale. La communication est cruciale.

 

Proposition n°3 : La sensibilisation me semble une premier pas essentiel. Parler de l’anosmie et faire réaliser aux enfants et aux adultes combien l’odorat et le goût sont importants. L’anosmie existe et les personnes qui en souffrent peuvent éprouver des difficultés à vivre avec ce handicap. Acceptation, tolérance, compassion pourraient remplacer l’ignorance.

 

Question n°10 : Ton rêve dans 10 ans ?

SB : Dans mes rêves, connaître la sensation de sentir des odeurs pour la première fois. Je pourrais sentir ma fille et ce serait un magnifique cadeau.

 

 

Merci Stéphanie, merci beaucoup de participer à cette aventure qui nous mènera peut-être un jour vers la reconnaissance de ce handicap et de ses conséquences.

 


 

Je vous donne rendez-vous dans quelques semaines pour un nouvel article de ‘10 questions a…’

 

Vous pouvez bien évidemment laisser un commentaire, c’est anonyme, c’est gratuit, ça fera plaisir à Stéphanie et ça fera avancer l’anosmie 😉 😉 😉

 

Et la vie continue,

 

Jean-Michel

 

Author: j2m

10 thoughts on “10 questions à ‘Stéphanie Bayard’ – anosmique congénitale

  1. Anonyme 16 novembre 2020 at 12 h 02 min

    Bonjour et merci énormément pour ce témoignage dans lequel je me suis beaucoup reconnue !

    J’ai 27 ans et je suis atteinte du syndrome de Kallmann qui fait que je suis anosmique congénital. J’ai été diagnostiqué vraiment tard (j’avais 23 ans) car mes parents et moi-même étions inquiets de constater mon important retard/ décalage pubertaire.
    Il faut savoir que des examens ont révélé que j’avais un décalage de croissance (osseux et sexuel) de 5 ans qui ne peut être rattrapé.
    J’ai été voir un endocrinologue, spécialiste des hormones. Après une rapide observation physique et quelques questions, l’endocrino a posé LA question à laquelle je ne m’attendais pas : “Est-ce que vous avez de l’odorat ?” et là j’ai eu toute les peines du monde à expliquer que “tout à la même odeur depuis toujours je crois, enfin je sais pas trop”
    Avec cette réponse, l’endocrinologue a émis une hypothèse : “On va faire des examens approfondis mais je pressens que vous ayez le syndrome de Kallmann.
    Et après ces examens et une rencontre avec un spécialiste à Paris, effectivement c’était ça ! On m’a alors expliqué tout ce que ce syndrome répertorié en maladie rare impliquait : les retards ou décalage pubertaire multi-niveaux, la probabilité élevée d’être stérile et enfin mon anosmie congénitale.

    Et en fait… ce diagnostic a eu un effet révélateur incroyable. Je m’explique : depuis toute petite j’ai toujours su qu’il y avait peut-être quelque chose de bizarre chez moi. Les fleurs ne sentaient rien, la nourriture pareil… mais à l’époque la petite fille que j’étais pensait que tout avait la même odeur. Bizarre quand même. J’ai même essayé de le dire à l’école. L’assistante de la maîtresse d’école maternelle m’a limite traité de menteuse et de folle ! Devant cette réaction incompréhensible, je me suis refermée et j’ai décidé de “jouer la comédie” en répétant des phrases toutes faites, en imitant les autres, en apprenant des réactions typiques pour réagir exactement pareil que tout le monde. Cette situation a duré pendant presque 20 ans ! J’ai gardé ça pour moi presque tout ce temps !

    Quand on a su, ça a été un choc pour mon entourage à commencer par mes parents ! Surtout que ma soeur en a profité pour annoncer qu’elle aussi avait un problème avec son odorat. Moi je le savais déjà car à de nombreuses reprises on s’était rendu compte qu’on réagissait pareil. Moi, je dois dire que quand j’ai enfin su ce que j’avais je me suis sentie à la fois libérée d’un poids et en même temps j’ai pris conscience que mon monde ne sentirait jamais rien.

    Il faut savoir que depuis cette époque, j’ai accepté cette situation. Je ne sentirai jamais rien c’est un fait indéniable et irréversible. ça ne m’empêche pas de vivre pleinement ma vie, tout en étant quand même devenue super curieuse à propos de ce sens qui me fait défaut. j’essais de “comprendre”, de “visualiser” les odeurs. à ça s’ajoute le fait que j’ai un sens du goût bien à moi. Votre goût n’est pas le mien. Mais d’ailleurs je me dis qu’on a tous, anosmique, agueusique ou non, une sensibilité sensorielle différente, une perception propre à chacun de nous.
    Je ne vis pas ma situation comme un handicap. Je relativise en me disant que perdre l’odorat est bien plus dramatique que de n’en avoir jamais eu. Je l’ai vu, je l’ai lu à travers les témoignages de sos-anosmie.

    Aujourd’hui malgré le fait que beaucoup ai pris conscience de ma particularité, il m’arrive très souvent d’être la proie de réflexions et de commentaires maladroits, voire blessant à la longue. On fait avec. Personnellement je ne cuisine pas, c’est mon conjoint qui cuisine et il prend très à coeur de me faire de bons petits plats que je saurai apprécier ^^

    Enfin voilà le topo ! Je vis ma vie sans odorat et quelque part même si parfois ça me frustre, je me dis que c’est comme ça. ça fait partie de moi, de mon identité =)

  2. Anonyme 16 novembre 2020 at 12 h 00 min

    Bonjour et merci énormément pour ce témoignage dans lequel je me suis beaucoup reconnue !

    J’ai 27 ans et je suis atteinte du syndrome de Kallmann qui fait que je suis anosmique congénital. J’ai été diagnostiqué vraiment tard (j’avais 23 ans) car mes parents et moi-même étions inquiets de constater mon important retard/ décalage pubertaire.
    Il faut savoir que des examens ont révélé que j’avais un décalage de croissance (osseux et sexuel) de 5 ans qui ne peut être rattrapé.
    J’ai été voir un endocrinologue, spécialiste des hormones. Après une rapide observation physique et quelques questions, l’endocrino a posé LA question à laquelle je ne m’attendais pas : “Est-ce que vous avez de l’odorat ?” et là j’ai eu toute les peines du monde à expliquer que “tout à la même odeur depuis toujours je crois, enfin je sais pas trop”
    Avec cette réponse, l’endocrinologue a émis une hypothèse : “On va faire des examens approfondis mais je pressens que vous ayez le syndrome de Kallmann.
    Et après ces examens et une rencontre avec un spécialiste à Paris, effectivement c’était ça ! On m’a alors expliqué tout ce que ce syndrome répertorié en maladie rare impliquait : les retards ou décalage pubertaire multi-niveaux, la probabilité élevée d’être stérile et enfin mon anosmie congénitale.

    Et en fait… ce diagnostic a eu un effet révélateur incroyable. Je m’explique : depuis toute petite j’ai toujours su qu’il y avait peut-être quelque chose de bizarre chez moi. Les fleurs ne sentaient rien, la nourriture pareil… mais à l’époque la petite fille que j’étais pensait que tout avait la même odeur. Bizarre quand même. J’ai même essayé de le dire à l’école. L’assistante de la maîtresse d’école maternelle m’a limite traité de menteuse et de folle ! Devant cette réaction incompréhensible, je me suis refermée et j’ai décidé de “jouer la comédie” en répétant des phrases toutes faites, en imitant les autres, en apprenant des réactions typiques pour réagir exactement pareil que tout le monde. Cette situation a duré pendant presque 20 ans ! J’ai gardé ça pour moi presque tout ce temps !

    Quand on a su, ça a été un choc pour mon entourage à commencer par mes parents ! Surtout que ma soeur en a profité pour annoncer qu’elle aussi avait un problème avec son odorat. Moi je le savais déjà car à de nombreuses reprises on s’était rendu compte qu’on réagissait pareil. Moi, je dois dire que quand j’ai enfin su ce que j’avais je me suis sentie à la fois libérée d’un poids et en même temps j’ai pris conscience que mon monde ne sentirait jamais rien.

    Il faut savoir que depuis cette époque, j’ai accepté cette situation. Je ne sentirai jamais rien c’est un fait indéniable et irréversible. ça ne m’empêche pas de vivre pleinement ma vie, tout en étant quand même devenue super curieuse à propos de ce sens qui me fait défaut. j’essais de “comprendre”, de “visualiser” les odeurs. à ça s’ajoute le fait que j’ai un sens du goût bien à moi. Votre goût n’est pas le mien. Mais d’ailleurs je me dis qu’on a tous, anosmique, agueusique ou non, une sensibilité sensorielle différente, une perception propre à chacun de nous.
    Je ne vis pas ma situation comme un handicap. Je relativise en me disant que perdre l’odorat est bien plus dramatique que de n’en avoir jamais eu. Je l’ai vu, je l’ai lu à travers les témoignages de sos-anosmie.

    Aujourd’hui malgré le fait que beaucoup ai pris conscience de ma particularité, il m’arrive très souvent d’être la proie de réflexions et de commentaires maladroits, voire blessant à la longue. On fait avec. Personnellement je ne cuisine pas, c’est mon conjoint qui cuisine et il prend très à coeur de me faire de bons petits plats que je saurai apprécier ^^

    Enfin voilà le topo ! Je vis ma vie sans odorat et quelque part même si parfois ça me frustre, je me dis que c’est comme ça. ça fait partie de moi, de mon identité =)

  3. j2m 9 septembre 2020 at 22 h 47 min

    Bonsoir Audrey,
    Merci beaucoup pour votre message. Nous avons des anosmiques congénitaux à l’association. Vous pouvez, si vous le souhaitez, prendre contact avec eux. Vous trouverez leurs coordonnées dans le menu – L’association’ puis ‘Notre organisation’.
    Par ailleurs, nous organisons régulièrement des réunions en ligne ou nou sabordons les troubles de chacun. Ces réunions permettent d’échanger et donc de mieux vivre ce handicap.
    Nous vous attendons lors de la prochaine réunion.
    Amicalement,
    Jean-Michel

  4. Boulogne 8 septembre 2020 at 9 h 40 min

    Bonjour à tous ,

    Quel plaisir de vous lire.
    Mon fils agé de 10 ans a une anosmie congenitale ( decouverte par hasard à l’age de 7 ans avec une IRM absence du bulbe olfactif ) et une déficience auditive importante .
    J’aimerai savoir si vous connaissez une association afin que je puisse dire HAUT et Fort que c’est un réel hanticap !!
    Et surtout pouvoir dialoguer sur cette maladie encore peu commune .
    Audrey

  5. Anonyme 20 août 2020 at 17 h 50 min

    Ce témoignage explique parfaitement ce que j’ai vécu et que je vis encore car moi aussi je souffre d’anosmie congénitale. J’ai de la difficulté a expliqué aux autres comment est de vivre avec ça.

  6. JULIAN GREENWOLD 20 février 2020 at 8 h 19 min

    Bonjour Stéphanie,

    Je viens de découvrir ton témoignage avec grand intérêt. Je suis un homme de 73 ans et, comme toi, anosmique de naissance.
    L’été dernier par hasard, en écoutant la radio dans ma voiture, je suis tombé sur l’émission scientifique où notre ami Jean-Michel parlait de son association.
    J’ai pris contact avec lui et j’ai découvert tout un monde que j’ignorais. A l’âge de 14 ans, ma mère m’a amené voir un spécialiste hospitalier. Ce médecin ne m’a pas cru et m’a renvoyé en disant à ma mère que j’étais un “enfant gâté”.
    Aujourd’hui, 60 plus tard, nous avons notre “journée mondiale”. Quel progrès !!
    Il faut espérer qu’un jour, on trouvera des solutions ou des remèdes pour des gens comme nous. C’est à nous d’en parler autour de nous afin de sensibiliser le maximum de personnes.
    Bonne journée
    Julian

  7. Anne-Claire 13 mars 2019 at 22 h 17 min

    Merci , tout simplement, je me retrouve dans tous ces mots même si j’ai pratiqué le mensonge très souvent, trop souvent (encore aujourd’hui). merci à tous.

  8. Louise 5 mars 2019 at 23 h 41 min

    Bonsoir,

    Ce témoignage est très émouvant, je ne souffre pas de votre maladie mais je reste choquée que nous n’enseignions pas eux enfants à l’école l’importance de ce sens de l’odorat, il est si puissant et si important, comme les autres, autant que les autres. Bravo à cette association, et félicitations à Stéphanie pour ce témoignage qui laissera une belle image des odeurs et de sa philosophie. Louise

  9. LEMARINIER Nelly 1 mars 2019 at 13 h 06 min

    Bonjour Stéphanie !

    Un grand MERCI à TOI pour ce superbe témoignage… c’est si important de partager et cela aide tellement les autres… BRAVO parce que nous tous anosmiques et agueusiques nous ne vivons pas les choses de la même façon et nous avons besoin de comprendre. Alors les témoignages tel que le tien sont très importants. Et puis ce que tu as trouvé comme moyens/techniques pour vivre au mieux et à ta façon cet handicap pourront forcément servir à tellement d’autres personnes qui n’y avaient peut-être pas pensé ?

    Il est donc évident, j’en suis convaincue, que ton témoignage va aider beaucoup d’entre nous et je te remercie chaleureusement pour ce geste d’amour que tu offres aux autres.

    BISOUS et j’espère avoir le plaisir de te rencontrer et de pouvoir échanger de vive voix !!!

    Nelly (anosmique et agueusique depuis le 03/12/2016 suite accident et trauma crânien).

  10. Doumenc 27 février 2019 at 22 h 00 min

    Merci à Stéphanie pour ce témoignage , j’ai perdu l’odorat à la suite d’un accident il y a 10 ans , j’avais alors un odorat très développé, j’aimais cuisiner , mon jardin était avant tout “construit ” en fonction des odeurs des arbustes et fleurs le composant , je reniflais systématiquement tous les plats , la végétation, les gens , c’était pour moi LA référence, j’ai donc énormément perdu de repères en perdant l’odorat , et me suis sentie isolée , déboussolée , perdue.
    Après une période très difficile de colère et de frustration sur tous les plans , j’ai “décidé” de réagir , j’ai recommencé à cuisiner , différemment , plus de contrastes , de couleurs , j’ai recommencé à planter des fleurs , à les regarder différemment, à “goûter ” la vie différemment, je ne retrouverai jamais ce que j’ai perdu mais j’essaie de considérer ce que je gagne , parfois avec tristesse et nostalgie , parfois avec un certain enthousiasme face à tout ce que j’ai encore à découvrir sur moi et ma capacité à m’adapter, à évoluer . Merci à vous d’exister et nous permettre de nous exprimer et nous sentir moins seuls
    Christine

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