Citation de Invité le 11 janvier 2018, 21 h 15 min

Bonjour,

Il y a une dizaine d'année, à l'âge de 28 ans, durant un séjour au mois de juin en Corse j'ai attrapé une rhinite qui m'a rendu anosmique. Les deux mois suivant, c'est à dire durant tout l'été entre juillet et le mois d'août, j'avais le nez qui coulait avec une désagréable sensation de brûlure et picotement dans les fosses nasales. C'est seulement vers la rentrée que je consulte un médecin. Il soupçonne une allergie et me prescrit des gouttes nasales à la cortisone pendant 2 semaines… Le nez s’arrête progressivement de couler et c'est à ce moment que je me rends réellement compte que je n'ai plus d'odorat ni de goût depuis maintenant 3 mois. Inquiet, je décide de prendre rendez-vous chez un ORL. Après deux mois d’attente, le verdict est tombé juste avant les fêtes de fins d’année : « vous êtes anosmie, il y a de fortes chances pour que vous ne retrouviez ni l’odorat ni le goût. On ne peut rien prédire sur son évolution et nous ne pouvons malheureusement rien y faire. Chez certaines personnes le virus aurait pu s’installer dans l’oreille et serait devenu sourde, chez d’autres dans l’œil et elle serait devenu déficiente visuelle ». Après avoir payé la consultation je devais me démerder avec ça… S’ensuit Noël et les repas en famille, et cette nouvelle vie sans odorat et sans goût à apprivoiser et à essayer de faire comprendre aux personnes qui m’entourent. S’installe progressivement un malaise, celui de vivre avec non pas 1 mais 2 sens en moins. On se sent réellement diminué, avec tous les désagréments que peuvent engendrer cet handicap. Plus l’envie de cuisiner, ni de sortir au restaurant ou aller boire un verre à l’extérieur. Le seul effet positif, c’était que je pouvais manger à la cantine sans rechigner sur la mauvaise bouffe.

Heureusement qu’internet était là pour m’accompagner et me guider dans ma nouvelle vie. Les forums et divers témoignages m’ont
beaucoup aidé les mois suivants. On n’y parlait d’une ORL spécialiste de l’anosmie sur Paris XV. J’ai été la consulté au mois de juin, cela faisait 1 an que j’étais anosmie. Elle ne m’a pas soignée, mais notre entrevue a été positive.

Parmi ses échantillons olfactifs, j’avais quelques stimulis qui témoignait que tout n’était pas encore perdu. Elle m’a encouragé à ne pas perdre espoir et que cela pouvait revenir partiellement ou totalement après 6 mois, 3 ans, 10 ans. Et c’est exactement ce qui s’est passé ! 3 mois après, j’ai retrouvé progressivement l’odorat et le goût. C’était imperceptible au début mais je l’ai vécu presque comme une délivrance. Il m’aura fallu patienter encore 6 mois supplémentaires pour retrouver à 90% toutes mes facultés olfactives ! 2 ans, c’est le temps avec lequel j’ai vécu ce trouble handicapant. Et l’année qui a suivi, mon odorat c’est encore amélioré pour retrouver l’intégralité de ce sens perdu. Je suis content de voir que 10 ans après, les choses évoluent un peu, et que ce trouble commence à être reconnu comme un handicap sensoriel. Ce n’est pas assez, mais heureusement que certaines associations sont là pour continuer d’informer.

Bon courage à chacun(e)s dans ce trouble fort handicapant.

Rémi.